Syngué Sabour -pierre de patience-, un film d'Atiq Rahami

Kaboul. Dans un appartement délabré, en compagnie de ses deux enfants, une jeune femme tente désespérement et sans relâche, de ramener son mari blessé à la nuque par une balle. Immoblisé et sans conscience, l'homme respire régulièrement mais reste dans le coma pendant de nombreuses semaines, durant lesquelles la guerre évolue, le village et ses habitants aussi. Car nous sommes au pied des montagnes de Kaboul, la guerre déchire la ville, et la jeune femme se voit contrainte de quitter le village afin de rejoindre sa tante, seule famille restante à proximité, qui tient une maison close. Elle laisse alors son mari quelques temps, mais revient presque aussitôt après, incapable de se résoudre à le laisser. Elle l'alimente avec ce qu'elle peut, avec les moyens qu'elle a : n'ayant plus d'argent afin d'acheter quel médicament que ce soit, elle le nourrit avec de l'eau salée. Commence alors un long monologue au fil de ses visites auprès de son mari : elle lui révèle son corps, ses sentiments qu'elle cachait auparavant au plus profond d'elle. Elle se confie durant des heures, transformant ainsi son mari en une pierre de patience, terme découvert par la jeune femme : une pierre auprès de laquelle on peut se confier, se confier, se confier, jusqu'à ce qu'elle explose, et alors, on se considère comme libérée. En effet, elle se confie. Jusqu'au jour où la pierre explosera...

Un film dont je ne pourrait décrire la beauté. L'ambiance, l'absence de musique, l'actrice extraordinaire (Golshifteh Farahani) et le décor nous dépose une boule au fond de l'estomac qui ne nous quitte pas du film. Un film extraordinairement bien joué. 
Atiq Rahami nous offre une version de l'horreur de la guerre peu banale, car, finalement, on ne la voit pas vraiment, malgré le fait qu'elle soit présente durant chaque seconde du film. L'acrtice dégage des émotions incroyables, et on observe le poids qui repose sur les épaules d'une femme comme elle, ainsi que les changements que cela produit d'en être libéré... 

Syngué Sabour -pierre de patience- , Atiq Rahami.
avec Golshifteh Farahani, Amidreza Javdan, Hassina Burgan, Massi Mrowat.

http://www.youtube.com/watch?v=FHugUyTlSIY